Il est frappant de constater l’absence des PME françaises dans les réseaux d’affaires internationaux qui leur sont tout à fait accessibles sur Internet et Usenet ! Vous voulez commercer avec le monde entier. N’essayez pas de voir cela avec un fonctionnaire des CCI. Bon nombre n’ont jamais demandé de passeport, ni voyagé dans le monde. La plupart ne sont pas « branchés » sur la Toile. Sauter les théories et mettez vous immédiatement aux « marketplaces » !

Il n’y a pas si longtemps, à l’occasion d’une conférence sur le « BtoB », (Business to business) autrement dit « transactions entre entreprises », j’ai demandé à celles des personnes de mon auditoire qui disposaient d’une « boite à courriel » de se signaler. La grande majorité de la salle a levé la main. Les visages, visiblement, marquaient la désapprobation : pour qui les prenait-on ! Je me doutais bien de ce qui allait venir. Car à la question suivante, maintenant quels sont ceux d’entre vous qui utilisent les « marketsplaces » d’Usenet ? Pas une main ne se leva. Et les mines de mes interlocuteurs changèrent bien vite lorsqu’ils apprirent que les forums d’affaires sur Usenet existaient depuis 1979. Les « marketplaces internationales » parlent de besoins venus du monde entier, de Singapour, de Chine, du Canada de Corée, d’Inde[1]. Pourtant les PME de la France, une des plus importantes puissances exportatrices du monde, brillent par leurs absences dans le cyberespace international. Il faut être conscient que la téléprospection dans les réseaux d’affaires devient la première étape pour celles des entreprises qui souhaitent s’insérer dans les échanges transnationaux. Il en existe des milliers, dans toutes les langues, pour de très nombreuses filières et qui intéressent des centaines de régions de part le monde. Dans certains forums peut-être pourrions nous vendre, si nous y étions, du lait condensé pour l’Afrique ou du beurre en Russie, du sucre à Singapour, des aromates ou du concentré de malt pour fabriquer du whisky ou autres alcools en Europe. Pour le sodium tri-polyphosphate et le polyvinilchloride en suspension, voir la Bulgarie. Si des pays comme la Russie ou l’Indonésie développent, leur « business to business » au travers de marketplaces avec des firmes américaines, le rôle de biz.marketplace.international en France n’est connu que de quelques initiés. Alors que l’on ne cesse, y compris au Secrétariat d’État au Commerce Extérieur, de constater la grande solitude des PME, « qui ne savent pas qu’elles peuvent exporter »[2]. Usenet met à la disposition du plus grand nombre des informations dont la plupart des entreprises ne savent même pas qu’elles existent. Ici, le problème n’est pas de promouvoir des technologies mais de montrer le parti que l’on peut tirer de leur usage. L’investissement pédagogique de la part des relais spécialisés comme les chambres de commerce départementales ou régionales reste insuffisant. Les investissements français dans le domaine aussi. Google est en train de revoir sa stratégie en la matière est construit une offre Google Groups pour mieux diffuser ses applications dans les entreprises s’ouvrant ainsi un créneau encore mal exploité. Le Cyberespace est un continent où se planteront des drapeaux qui représenteront le rayonnement intellectuel d’une entreprise, d’une région, peut-être d’une ville. En matière d’export dans le cyberespace le seul vrai problème reste de maitriser non plus la seule langue technique mais la ou les langues des pays avec lesquels on souhaite commercer. Les outils et les applications d’assistance aux traductions restent eux aussi quasi ignorés par les dirigeants de PME. Il n’est pourtant pas très difficile de se faire assister pour une téléréunion ou une réunion téléphonique à trois, c’est-à-dire comprenant un ou une interprète. De même, il devient sans cesse plus facile d’accéder à des outils d’aide à la traduction pour les messages écrits. Des moyens pratiques, des outils plus simples qu’on ne l’imagine sont à la disposition des dirigeants des PME.  Très égocentré sur leurs langues et leurs approches régionales, la plupart des dirigeants de nos PME ne sont pas préparés à commercer via Internet. Penser que les distances sont en partie abolies avec  les différentes régions du monde n’a rien de simple. De plus, le seuil de la langue et de la culture deviennent un obstacle et la nécessaire confiance entre futurs partenaires ne va pas de soi. Pour le contourner il devient possible de bénéficier de services de téléconférences ou des partenariats spécialisés multilingues capables d’assurer le relais technico-commercial. Mais là encore, reste une question pour mes lecteurs aujourd’hui: les connaissez-vous !?



[1] Consultez les forums Usenet sur le Web avec Google : biz.marketplace.international

[2] Le Figaro, « International : la grande solitude des PME », Marie-France Calle, 28 juin 1997, selon Gerard Dumontant, vice-président de la Confédération générale des PME

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A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

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