Pourriez vous citer ne serait-ce qu’un tiers des services mis à la disposition de l’humanité par la compagnie Google. Si j’en suis admiratif, vraiment admiratif, c’est que la majorité de ces applications sont mises gracieusement à notre disposition [1]. Cela n’est pas si fréquent et je me demande parfois pourquoi, mobilisé par la crainte des « big Brothers », on en parle si peu. N’en tirez pas comme conclusion que j’en reste béat, mais reconnaissez que cela mérite un minimum d’attention … et de considération !

Au siècle précédent – mais oui ! – l’humanité découvrait que l’application Google Maps avait permis grâce aux images satellites de retrouver les traces de civilisations anciennes. Plus récemment une amie ébahie découvrait les images de sa maison perdue dans la campagne corse. Un autre visitait à partir de la France les rues de son quartier à Montréal, le troisième sa villa à Canberra en Australie. Pays du bout du monde qui, comme beaucoup d’autres, voit les déplacements de ses habitants facilités par les aides à la navigation fournies par les systèmes de géolocalisation de Google partout, ou presque, dans le monde. Aides si précises que beaucoup préfèrent utiliser leur smartphone comme aide à leurs déplacements, piétons y compris. Assistances si complètes que l’on peut aussi se voir proposer plusieurs itinéraires, selon le mode de transports. Cela comprend leurs horaires et, s’il vous plait, des aides pour réserver des transports aériens, séjours ou autres, sans parler des indications permanentes sur les lieux où vous pouvez vous arrêter pour un paysage à découvrir, pour dormir ou manger ou encore garer votre voiture. Toujours au siècle dernier, on a découvert que la géolocalisation de Google (celle qui sert à mesurer aussi l’intensité des déplacements dans une zone donnée) permet de déceler des anomalies dans les mouvements de foules, des anomalies dans l’état de santé d’une région donnée, dans le démarrage d’épidémie. Aujourd’hui on parle de la possibilité par les réseaux physiques de Google (mais pas que) de percevoir des anomalies, des tremblements de terre dans les immensités sous-marines.

Vous voilà avec une photo, elle vous rappelle quelque chose, un paysage, une personne. Il vous suffira de cliquer sur l’application de « Google photo » pour savoir ce qu’il en est. De la musique ? Cliquez sur « Google Play Store » Bien sûr je passe sur le moteur de recherche de la firme qui domine, sinon écrase la concurrence, offrant à chacun la possibilité de rester branché sur les news, les serveurs de musique, de vidéos, (via You Tube), gérer ses Visioconférences avec le monde entier, y compris en téléphonie grâce à Duo. Des problèmes de langues, de traduction, un besoin d’archivages sécurisés, les serveurs de Google sont là, à votre disposition. Messageries, gestion des rendez-vous ou des contacts, galeries commerciales, Là vous commencez à fatiguer. Pourtant aviez-vous une idée claire de l’importance de l’empire Google et de ses capacités incroyables ? Non, j’en suis persuadé et encore je n’ai fait qu’en survoler quelques-unes. Il y a de quoi donner le tournis. Voyez vous-même en parcourant attentivement les deux images jointes. Cela vous impressionne, les bonnes âmes s’alarment. Cet empire se met à faire peur. Certains opérateurs s’inquiètent de la domination de ce monstre dans la publicité, la presse et les communications digitales mais, n’est-ce pas ce qui nous vaut la gratuité de ces multiples applications ? Pour ma part, je trouve assez délicieuse l’idée que l’argent dépensé pour me faire acheter services et produits sert à rendre gratuit une kyrielle d’applications justement pour ceux qui n’en ont pas les moyens

Pour moi le jugement que je porte sur Google est là. Il est devenu incontournable parce qu’il nous apporte de vrais services dans notre vie. Imaginez un instant que Google cesse de faire fonctionner toutes ses applications, tous ces services durant huit jours, seulement huit jours. Je crains fort que la claque soit sévère qui nous rappelle son importance et son rôle dans les activités humaines. Donc oui, cet empire que nous utilisons le plus souvent gratuitement, est un bien commun pour l’Humanité.

Non, je ne vends par Google et ses applications, j’en connais les limites, j’en connais les dangers, j’en connais les détracteurs. Mais cela ne fait que renforcer l’idée que Google doit devenir un bien commun à l’humanité. Je ne me lève pas tous les matins pour prier « Google délivre nous du mal ! » mais je me refuse de diaboliser un instrument devenu indispensable à l’humanité. Autrefois on avait peur des monstres imaginaires vivant sous les mers, des yétis dans les montagnes, des Dieux de la nature, des barbares, du nucléaire, la liste est infinie …toutes les époques ont engendré des peurs souvent irrationnelles, souvent aussi justifiées. Mais elles n’ont jamais rien résolu. Je défends l’idée que Google doit devenir la propriété des habitants de notre planète. Je voudrais que l’on donne à Google le statut de biens communs. Un empire numérique comme Google ne se combat pas, il s’absorbe, il devient la propriété de tous, géré par un organisme crédible, suffisamment neutre pour en réguler les excès sans l’empêcher de se développer. Comme pour la gouvernance de l’Internet[2], des représentants de la Société des Nations doivent faire partie du board de cette compagnie pour s’assurer du respect de l’éthique, des individus et des règles démocratiques. Il y va de son avenir et du notre.

[1] Google met gratuitement à disposition plus d’une centaine d’applications importantes https://www.webrankinfo.com/google/gratuits

[2] Oui je sais. Elle n’est pas sans défaut !

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A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

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