S’il fallait démontrer que plus personne n’écoute personne, en voici la démonstration. Aujourd’hui petit exercice éprouvant « dis moi comment tu me reçois, je te dirais qui tu es ». Ce récit est véridique.

Je contacte une dizaine de sociétés pour les inviter à présenter leurs offres pour l’achat de lots de micros ordinateurs. Un appel d’offres ouvert. Je dois sélectionner les entreprises qui seront sollicitées. Exercice, qui me fait mesurer la qualité commerciale et l’accueil lamentable voire agressif (vous dérangez !) de certaines sociétés. Passons sur les accueils musicaux et aux variations automatiques étonnantes qui découragent très vite tout individu normalement constitué à commercer avec une société très peu relationnelle. Bien sur le patron vous jurera le contraire. Le commercial de cette autre société filiale de xxx, ne se donnera même pas la peine de rappeler. C’est vrai que je la joue modeste. Pas du tout ; « client arrive, courbettes, s’il vous plaît ».

Et plus ma prise de contact est modeste plus l’accueil est brutal, hautain. « Oui, c’est pourquoi !?, « votre nom, je ne comprends pas, vous pouvez épeler ? » Alors je « pèle » mon nom. Société ? je « pèle ». Occupé, peu-vous-raplé ? Même la qualité de la syntaxe est malmenée. C’’est dire si je le suis, moi.  Ha, enfin un commercial. Bonjour, oui, je suis… intéressé … je n’ai pas le temps de présenter ma demande : ce commercial n’écoute pas. Au point qu’il me dira, ce vendeur vers qui je viens pour acheter… qu’il n’achète pas d’ordinateurs. Incroyable. Je n’ai même pas le temps de préciser, de lui dire qu’il y a confusion. Il me quitte déjà. Il est le représentant d’une firme de gestion de parc technologique importante. La pauvre. Ici, on écoute. Mais, on ne vend pas ici, Monsieur, on loue. Oui, bien. Êtes-vous intéressé ? Non, il faut passer par un de nos partenaires. Bien, voulez vous…. Je suis coupé par mon interlocuteur qui n’écoute pas non plus : pourrait-on se rencontrer ? « Non, je pense vous envoyer (j’allais dire un appel d’offres) … » pas le temps de finir ; le commercial me dit qu’une autre ligne l’attend. Au revoir. Celui qui suit me proposera la même chose (le rendez vous) mais pour me proposer un « deal », une commission, un pourboire, bref, on fait des affaires ici (gros rire) on est des gens sérieux, chez nous. Grosse boite. Je crois rêver. C’est ça le commerce moderne ?! Matinée terminée. Mon client va être content. J’ai retenu trois fournisseurs potentiels sur les huit que j’ai sollicités. Mission accomplie. J’ai écarté cinq crétins qui viennent de perdre l’occasion de se faire un chiffre d’affaires de quelques centaines de micros ordinateurs, c’est à dire un marché d’un peu moins de 300 000 euros (2 MF). Qui les plaindra ? Pas moi.

 

Précédent

Ces lois auxquelles il est difficile d’échapper dans nos entreprises.

Suivant

Favoriser la pollinisation des idées et des savoirs

A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

neuf − six =

Voir aussi

trois × 4 =