Don’Look Up se voulait une satire grinçante. Là c’est une comète qui fonce sur la Terre dans l’indifférence et le déni des responsables. A vrai dire ici personne ne pouvait échapper à un tel Armageddon. Ce que vivra l’humanité dans les décennies à venir sera bien plus cruel. Durant des décennies nos descendants devront supporter la multiplication des catastrophes naturelles dont celle plus lente, tout aussi terrifiante dans ses conséquences, la montée des eaux. Pour faire face à ce drame « au long cours », une solution existe : recréer nos mers disparues ! Personne, à part quelques esprits imaginatifs ou dérangés, ne semble vouloir explorer sérieusement l’immense potentiel que représentent ces milliards de kilomètres de terrains désertiques sous le niveau de la mer. Ces milliards attendent que des gouvernements et des hommes audacieux étudient la possibilité d’en faire des gigantesques réservoirs, des sources de vie et d’humidité. Le projet de ce siècle est de réintroduire de l’eau, de l’eau salée, là où elle a été, un jour lointain.

La Terre est grignotée, avalée par la mer. Elle va mal. Elle est de plus en plus fragile : érosions, montée des eaux, sècheresses. L’eau devient rare, disparait de régions entières, laissant la place à des déserts qui chassent les habitants. Les délicats équilibres climatiques cèdent les uns après les autres. Le vert disparait lentement des cartes. La biodiversité s’appauvrit. Le niveau de la mer a augmenté de 30 cm depuis 1880 et il vient de gagner 30 cm de plus entre 2023 et cette année 2050 .  L’élévation du niveau de la mer dans le monde passera de 80 à 100 cm de plus en 2100 selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Bien sûr la dilatation des océans ne sera pas uniforme. Bien sûr ces valeurs mettront des années à se confirmer mais pas les vagues de submersion qui envahissent désormais certaines villes. Nos enfants, nos petits-enfants doivent faire face au plus grand bouleversement de l’histoire de l’humanité. Des millions d’hectares sont sous l’eau. Des régions riches sont submergées. La terre arable disparait. L’agriculture souffre. Chaque jour des milliers de pauvres gens sont chassés de chez eux. La pauvreté augmente. Des économies s’effondrent. Des peuples s’affrontent. Les migrations modifient les démographies comme jamais. Un peu partout dans le monde, les villes côtières, poumons des trafics et des échanges internationaux sont dramatiquement pénalisées, comme en France. Les privilégiés des catastrophes climatiques vont s’installer là où ils croient pouvoir garder les pieds au sec. Erreur idiote. L’eau qui noiera leur espoir viendra du ciel !

Déjà les esprits s’échauffent lorsqu’il s’agit d’envisager des projets de géo-ingénierie. Personne ne semble prêt à se lancer dans un projet un peu ambitieux. Partout on craint les ennuis plus que les risques de l’immobilisme. Devrons-nous la submersion des côtes à l’incapacité des dirigeants à refuser de voir dans la geoingénierie climatique des solutions possibles ? Pourtant selon les paléontologues, la Terre a été autrefois largement, très largement couverte par des mers. Les pays les plus riches investissent dans des chantiers destinés à limiter les dégâts. Aucun ne semble vouloir explorer sérieusement l’hypothèse d’une utilisation de ces réservoirs naturels mis à notre disposition par la nature et faire revivre certaines des mers intérieures. Emblématique, l’incapacité des pays limitrophes à expérimenter le remplissage de la mer Morte. Cet immense lac salé partagé entre Israël, la Cisjordanie et la Jordanie se trouve situé à quelques 400 m en dessous du niveau de la mer ce qui en fait le point le plus bas de la terre. Les protagonistes pourtant informés des avantages de ce projet ne font rien depuis des décennies. Cela n’augure rien de bon. Les défis techniques et politiques sont gigantesques, ne nous le cachons pas.

Notre lecteur a-t-il une idée, même approximative, des colossales capacités de régulation de ces cuvettes naturelles ? L’illustration ci-contre montre la position des anciens lacs de l’Afrique du Nord. Passez un peu de temps ici pour découvrir l’équivalent d’un continent comme l’Australie capable de recueillir la montée des eaux qui nous est promise. Ces immenses mers intérieures, aujourd’hui à sec, sont de gigantesques cuvettes dont certaines capables de redevenir des mers intérieures. Nous avons parfaitement la possibilité d’installer des « pipes » et faire tourner des turbines durant des années. De créer des canaux capables d’absorber la montée des eaux. Patience ! Personne ne peut sous-estimer les difficultés de tels projets. Voyez vous-même. Mais diable, combien d’années nous restent-ils ? Nos sociétés modernes sont-elles encore capables de s’ouvrir à des projets pharaoniques afin de se sauver ou l’égoïsme et la loi du plus fort, du plus riche, feront-ils l’Histoire encore une fois ? – DC Ettighoffer – Janvier 2050 –

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A propos de l'auteur

Denis

Denis Ettighoffer, fana de science-fiction, auteur de « L’entreprise virtuelle », le livre qui l’a fait connaître en 1992 est un des spécialistes français reconnus dans l’étude projective de l’impact des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication). Ses contributions à la réflexion sur les évolutions des sociétés, des modèles économiques et organisationnels sont nombreuses. Sa spécificité réside dans sa capacité à analyser le présent, pour en extraire les orientations économiques et sociétales stratégiques pour les décennies à venir. Son parcours atypique aura forgé chez lui une pensée singulière. Son dernier livre, « Netbrain, planète numérique, les batailles des Nations savantes » (Dunod) a reçu le prix du livre du Club de l’Economie Numérique en 2008. Denis Ettighoffer un temps Membre correspondant de l’Académie de l’Intelligence économique collabore désormais avec l’équipe d’IDEFFIE (Développement de l’expertise française et francophone à l’international et en Europe ) .

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